Questions aux experts
Biologie animale sauf l'homme
Les décomposeurs de la nature
Je suis en train de travailler la nutrition des animaux. Je dois développer la notion de chaîne alimentaire. Je voudrais des éclaircissements concernant les décomposeurs de la nature. Quelles sortes d'animaux puis-je citer à part le ver de terre. Concernant le ver de terre, comment expliquer simplement le maillon de la chaîne entre les décomposeurs et les plantes?
Est-ce une erreur de dire aux enfants que ce sont les excréments des décomposeurs qui sont assimilés par les plantes pour qu'elles grandissent?
Voici une réponse possible à cette question. La notion de cycle de carbone, azote, eau... est très complexe.
Dans la chaîne alimentaire que l'on présente souvent comme plante/herbivore/carnivore, il faut prévoir le dernier maillon que l'on appelle les détritivores, c'est-à-dire ceux qui tirent leur énergie des cadavres et des déchets des autres organismes ; c'est un maillon essentiel puisque sans eux la plupart des nutriments existerait bientôt sous forme de cadavres, sous une forme indisponible pour les plantes : parmi les détritivores, on trouve les vers de terre que vous citez, les champignons, des mille-pattes, les asticots (larves de mouches), les bousiers, des vautours... A vrai dire, les détritivores sévissent tout le long de la chaîne, autant sur les plantes (les feuilles sont transformées en humus), que sur les animaux (cadavres et déchets).
Après les asticots, les vers de terre, les bousiers, les fourmis... ce sont les bactéries et les champignons du sol, dits saprophytes qui sont les principaux biodégradeurs dans la nature, contribuant à la dégradation et donc au recyclage des divers éléments utilisés par les êtres vivants. Ils sont capables de transformer la matière organique en nutriments assimilables par les plantes (essentiellement les nitrates).
Par champignon, il faut entendre la forme habituelle et persistante du champignon qui vit essentiellement sous forme filamenteuse dans le sol et non pas les diverses formes bien connues des promeneurs qui n'en constituent que la partie reproductrice aérienne.
Compte tenu de l'importance du rôle des microorganismes dans ce phénomène, ce serait je pense une erreur de passer directement des excréments aux plantes ;
Petite remarque personnelle : mon fils de 5 ans a pris un air très dégoûté quand je lui ai dit que nos déchets allaient servir à faire pousser les fleurs ; en revanche le "nettoyage" par le passage dans la terre (même couleur ?...) et la transformation un peu magique qui en résulte est très bien passée. Je suis preneuse de commentaires sur cet aspect car je sais que la relation aux excréments est délicate à manier chez les petits.
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Les vers de terre, décomposeurs ou détritivores?
Les cadavres des plantes (rapport carbone/azote élevé à cause de la cellulose) + les déchets (excréments par exemple) et les cadavres des animaux (rapport azote/carbone élevé, d'où les odeurs nauséabondes ou ammoniacales) sont riches en substances nutritives. Celles-ci sont utilisées par des organismes très divers et de tailles variées, depuis des micro-organismes (microbes), jusqu'aux grands charognards en passant par les bousiers et les nécrophores.
Décomposeurs : ce sont surtout des micro-organismes - des bactéries + des champignons (exemple: moisissures) -, mais aussi le mycélium, plus volumineux, de champignons non microscopiques. Habitats très divers, toujours riches en eau, à taux d'oxygène très variable => ces organismes respirent ou fermentent. La panoplie de leurs enzymes capables de dégrader les substances organiques est très large. De très nombreuses espèces aux métabolismes plus ou moins spécialisés. Fonctionnent de manière séquentielle: succession d'espèces à mesure que le temps passe. Résultat final: de rares résidus (comme la paroi des grains de pollen => intérêt en palynologie) + surtout des sels minéraux. Bilan: recyclage des matières organiques + minéralisation (en particulier nitrates et phosphates, source nutritive pour les plantes et de nombreux autres organismes).
Détritivores (mangeurs de détritus) : sont aussi des microbivores (consommateurs de micro-organismes), soit à part entière (exemple: de nombreux nématodes), soit du fait que ce qu'ils mangent est déjà colonisé par des micro-organismes décomposeurs. Le mode d'alimentation des détritivores est très varié et diffère selon qu'ils vivent en milieu terrestre (litière forestière, horizons superficiels des sols) ou en milieu aquatique (le plus souvent sur le fond ou dans la vase) et aussi selon leur taille et l'organisation de leur corps. Les détritivores (protozoaires + animaux surtout): (a) fragmentent les cadavres de plantes et/ou d'animaux et/ou les excréments; (b) effectuent la digestion au moins partielle des substances organiques; (c) rejettent des matières fécales sous forme de particules. Ces trois modifications favorisent l'action ultérieure des décomposeurs déjà cités => il y a complémentarité des fonctions.
Corollaire de l'exposé qui précède : le concept de chaîne alimentaire, très usité, n'est pas correct : les échanges de matière entre êtres vivants s'effectuent en réseau, d'où le terme savant de réseaux trophiques (du grec trophê: nourriture).
Milieux terrestres : de nombreuses espèces de protozoaires (sols humides), de nématodes (vers ronds), de vers de terre (vers annelés), d'acariens, d'insectes (selon les espèces, larves seulement ou larves + adultes ou adultes seulement - penser aux bousiers, aux nécrophores), certains crustacés comme les cloportes.
Milieux aquatiques:
- eaux douces : de nombreuses espèces de protozoaires, de nématodes, des vers annelés comme les tubifex, de nombreuses espèces d'insectes, surtout des larves (exemple des larves des chironomes ou vers de vase), certains crustacés (exemples: les gammares et les aselles).
- mers et océans : de nombreuses espèces de protozoaires, de nématodes, des vers annelés, certains mollusques, divers crustacés, des poissons.
Sans les détritivores et les décomposeurs, toute vie s'arrêterait sur Terre en quelques mois ou années selon les écosystèmes (1) par accumulation des cadavres et déchets et (2) par absence de recyclage (minéralisation).