Questions aux experts
Matière et matériaux
Comment peut-on montrer la non toxicité d'un gaz ?
Lors de la mise en eau d'un aquarium, j'ai montré un objet (la pompe à air). On a constaté qu'un gaz en sortait mais la nature de ce gaz était inconnue (plusieurs réponses : il suffit de présenter un briquet pour voir s'il brûle...).
Pour savoir si c'est de l'air, un élève a proposé : "On n'a qu'à faire respirer ce gaz par un animal ; mais si cet animal meurt, ce n'est pas bien."
Comment peut-on montrer la non toxicité d'un gaz ?
La question me paraît très bizarre : l'objectif d'une pompe à air dans un aquarium est précisément... de faire circuler l'air dans l'eau des poissons ! Ceci permet d'accélérer le processus de dissolution d'oxygène depuis l'atmosphère dans l'eau de l'aquarium, en augmentant la surface de contact par formation de bulles. Le gaz qui s'échappe de la pompe à air est donc ... de l'air.
Comment peut-on déterminer la toxicité d'un gaz de manière générale ?
Il n'existe pas de moyen simple d'y parvenir. Certaines analyses utilisent du matériel très sophistiqué (spectrométrie de masse, utilisée pour le dosage de traces de polluants dans les effluents gazeux de certaines usines).
La raison est simple : certains gaz très toxiques sont inodores et incolores. Le cas le plus connu est le monoxyde de carbone (CO), qui peut se former lors d'une combustion incomplète (pas assez d'oxygène). C'est ce qui arrive dans les maisons mal aérées et utilisant des moyens de chauffage à combustion pour lesquels le système d'évacuation n'a pas été nettoyé. Cela cause des centaines de mort par an en France.
Mais soyez rassurée, rien de toxique ne s'échappe de votre aquarium !
Une petite précision sur l'utilisation des animaux pour l'évaluation de la toxicité des produits chimiques :
Au début du siècle, le mineurs de fond travaillant dans les mines de charbon, emmenaient avec eux des oiseaux en cage. Ces animaux sont très sensibles à la qualité de l'air. Ce procédé permettait de prévenir les "coups de grisou" : quand l'animal avait un malaise, tous les mineurs éteignaient leurs lampes :
c'était signe qu'une poche de gaz souterraine venait d'être ouverte et que les risques d'explosion étaient importants.
On peut voir une reconstitution (sans l'oiseau) d'un "coup de grisou" dans le film Germinal avec Gérard Depardieu et Renaud (ce n'est pas à montrer aux enfants).
La toxicité d'un produit chimique, qu'il soit solide, liquide ou gazeux est, encore de nos jours, exprimée en quantité mortelle par unité de poids de l'être vivant empoisonné. Ces résultats ont été acquis lors de tests sur animaux (souvent sur des souris). Ces examens toxicologiques, même s'ils sont discutables (mais c'est un autre débat), ont permis au législateur de fixer les normes de protection pour le public ou pour les travailleurs, dans le cas d'une exposition dans le cadre d'une activité professionnelle.
Il est à noter que de nombreuses substances complexes (composés organiques par exemple) peuvent être toxiques en quantités infimes. Leur effet est loin d'être connu, car souvent différé dans le temps. Des exemples récents nous le rappelent :
Les éthers de glycol qui provoquent des malformations de l'enfant lors de la grossesse. Ces produits ont été largement utilisés dans l'industrie et dans les peintures. Leur utilisation est réglementée depuis peu.
L'amiante. Dans ce cas, il ne s'agit pas d'un gaz, mais de fines particules en suspension qui s'accumulent dans les poumons.
La dioxine, émise dans le passé par les incinérateurs de déchets ménagers (de conception ancienne) et qui, une fois introduite dans la chaîne alimentaire, peut être dangereuse à long terme.
La toxicité d'un gaz est donc une notion complexe, car le danger peut être immédiat (c'est le cas le plus simple à traiter) ou différé dans le temps. Pour plus d'informations, le site internet de l'Institut National de Recherche et de Sécurité est particulièrement intéressant :
http://www.inrs.fr