Questions aux experts
Domaine Pédagogique
Arguments théoriques pour donner du sens
"Donner du sens aux apprentissages", quels sont les arguments (avec appuis théoriques) ?
Arguments théoriques pour donner du sens
"Donner du sens aux apprentissages", quels sont les arguments (avec appuis théoriques) ?
Jusqu'à l'année 1989, on avait l'habitude d'aller à l'école pour "apprendre"... (dans toutes les matières même si lire-écrire-compter était le triptyque favori !). Les savoirs scolaires étaient à "apprendre"..., j'oserais dire sans se poser de questions ! Il s'ensuit que la mémoire devait jouer un rôle prépondérant dans l'apprentissage scolaire. Que n'a-t-on dit sur les "bons élèves" et leur "bonne mémoire".
Avec la loi sur l'éducation de 1989, les matières ne sont plus au centre du système éducatif : c'est l'enfant qui se trouve au centre de l'éducation. Ce qui ne veut pas dire que l'on n'y apprend plus rien, loin de là : cela signifie que pour apprendre, l'enfant doit d'abord se poser des questions... et que le savoir devient une "construction" qu'il doit entreprendre pour élaborer les réponses à ses questions.
C'est en ce sens que la question et, donc, l'enfant, sont au centre du processus d'apprentissage, au lieu du savoir "à retenir".
Dès lors que l'on apprend quelque chose "pour l'apprendre", on comprend que le sens de cet apprentissage est occulté.
Alors que lorsque l'on se pose des questions, que l'on élabore des concepts et des relations pour cela (par exemple : comment rétablir le circuit dans ma lampe de poche qui s'éteint ? comment faire pour "faire sécher" plus vite mon linge ?) les réponses apportées (ici : « Qu'est-ce qu'un circuit électrique ? » « Quels facteurs agissent sur la vitesse d'évaporation de l'eau ? ») constituent en même temps des savoirs... lesquels ont alors forcément un sens pour moi puisqu'ils sont liés aux réponses que je cherche. Il m'est donc plus facile de les mémoriser puisqu'ils entrent en relation avec d'autres savoirs que je possède déjà...
Piaget a le premier parlé d'assimilation et d'accommodation dans la construction de l'intelligence (ce qui est mis en œuvre dans la pédagogie du questionnement). Wigostky a proposé la zone proximale de développement (poser des questions juste un peu au-dessus des compétences de l'apprenant si l'on veut qu'elles soient efficaces). Vergnaud a établi la définition de la construction d'un concept.
A. Weil-Barrais a étudié les formes de pensée (pensée structurée/pensée immédiate)... pour ne citer que les travaux les plus notables en psychologie de l'apprentissage (ou de l'intelligence, ou psychologie cognitive).
Claudette Balpe,
didacticienne, maître de conférence à l'IUFM d'Aquitaine.
claudette.balpe@wanadoo.fr