Questions aux experts

Cette question ne peut faire l'objet que de spéculations hasardeuses. Les sciences de l'évolution reconstituent le passé, mais ne sont pas faites pour prédire l'avenir. L'évolution, en tant que déroulement historique, est hautement imprévisible. Ceux qui se hasardent à faire des prédictions
ne font qu'extrapoler des tendances d'aujourd'hui, mais ces extrapolations ne sont valab les que si les conditions de l'environnement sont stables. Or, rien ne prouvent que les facteurs de l'environnement physique,économique et social resteront stables. Tout au plus peut-on sans grand
risque avancer la proposition suivante, qui reste légère en hypothèses. Si l'Homme venait dans les cinquante ans prochains à disparaître brutalement, la vie telle que nous la connaissons s'étant toujours caractérisée par une forte propension à l'extension dans l'espace et dans le temps, la vie se
redéploierait. Même si la plus grande partie de la biodiversité aura été éradiquée, elle se redéploierait à partir des espèces commensa les de l'Homme (qui se développent à la périphérie des activités humaines) : blattes, thrips, rats, souris, etc.

Même si cette question suscite souvent des spéculations
pseudo-scientifiques, la question ne relève pas vraiment de la science. En effet, la science constate que la vie existe et son travail commence à partir de ce constat. Déjà, il faut définir correctement la vie. Deux propriétés trouvées ensemble semblent caractériser les êtres vivants : - Ils délimitent un milieu intérieur dans lequel ont lieu des réactions chimiques qui n'ont pas lieu spontanément à l'extérieur ; - ils sont autonomes dans leur expansion dans l'espace et dans le temps, c'est-à-dire leur réplication/reproduction. Une telle définition exclut les virus (inertes dans les cellu les qu'ils infectent) du vivant.Plus généralement, la question "pourquoi y a t il quelque chose plutôt que rien" est sans objet pour la science. Parfois, une question du type "pourquoi y a-t-il quelque chose ? " peut recevoir une réponse proximale sous forme d'enchaînements de causes à effets.

Guillaume Lecointre
Département Systématique et Evolution
Muséum National d'Histoire Naturelle