Questions aux experts
Domaine Pédagogique
Aborder le monde végétal avec des enfants non voyants
Je souhaiterais connaître votre avis sur la façon d'aborder les sciences et en particulier le monde végétal avec des enfants mal et non voyants.
Je souhaiterais mettre en place avec mes élèves un jardin dans la classe, et leur donner envie d'acquérir quelques clés de reconnaissance d'une plante commune de notre région.
Bonjour,
L'étude du monde végétal peut comprendre à l'école primaire 3 ou 4 rubriques :
1) L'étude des besoins des végétaux :
Les cultures dans la classe sont ici très appropriées :
on va pouvoir montrer que les végétaux consomment de l'eau, en plaçant de petites ou jeunes plantes dans un petit tube couvert pour limiter l'évaporation.
Les enfants peuvent délicatement saisir les plantes, en estimer les contours et les placer dans des tubes avec l'aide d'un adulte voyant. Ce dernier place un élastique à l'extérieur du tube juste en face du niveau de l'eau.
En touchant les différents élastiques successivement posés au cours du temps, les enfants pourront constater qu'en 2 jours le niveau de l'eau aura baissé d'environ 1 cm. On peut aussi montrer les besoins en lumière.
les besoins en sels minéraux et en dioxyde de carbone sont trop difficiles à montrer expérimentalement à l'école.
L'avantage des cultures en classe est le contrôle des facteurs (eau, lumière, température).
2) La reproduction :
ici la culture d'un jardin extérieur est intéressante (2 m2 suffisent), parce que l'on pourra suivre, éventuellement sur 2 années scolaires, le cycle de reproduction : de la graine (semée) à la graine (récoltée).
Le plus souvent cela se passera d'avril à septembre.
Le jardin peut être un moyen de faire travailler les autres sens que la vue : reconnaissance des plantes au toucher, à l'odorat et aux saveurs.
C'est le développement d'une culture sensitive du jardin. Faire en sorte que les enfants sachent reconaître par ces sens le persil, le cerfeuil, la coriande....
traditionnellement, les maîtres (notamment du cycle 2) étudient avec leurs élèves les conditions de la germination.
Les graines de lentilles conviennent pour leur rapidité à germer. Les graines de haricot conviennent à l'observation (tactile dans le cas qui nous occupe) de la plantule qui s'y trouve (à cause de sa taille). ).
La graine d'avocat conviendrait mieux à des mal voyants, mais hélas, la durée de la germination est trop longue.
3) Enfin l'écologie :
les végétaux sont le premier maillon des chaînes alimentaires.
La visite d'un jardin ou d'un bocage ou d'une forêt sont l'occasion d'observer les traces laissées sur les feuilles par les insectes végétariens (on peut comparer une feuille entière et une feuille mangée par des chenilles ou gonflée par une galle).
Reconnaissance des plantes communes de la région. Classiquement, les classes identifient les arbres avec des clés d'identification ou des guides, avec ou sans les feuilles selon les saisons.
La reconnaissance des plantes herbacées est plus vaste. L'ouvrage que j'utilise avec les classes est le Fitter chez Delachaux et Niestlé, plus agréablement illustré que la flore Bonnier. Il convient donc mieux à l'école primaire. Construire une clé de détermination tactile, avec des moulages en plâtre par exemple peut être une activité intéressante avec des enfants non voyants.
Il est possible de distinguer au toucher les écorces des arbres ; exemple : l'écorce lisse du hêtre et crevassée du chêne. Il est possible de repérer au toucher les nervures des feuilles, en relief sur leur face inférieure.
J'ai eu l'occasion, mais plus avec des PE en Formation, de faire reconnaître les fruits à l'odeur et à la forme (toucher) : pomme, poire, banane... et d'autres plus difficiles.